PERSONNELS DES EHPAD ET RETRAITÉS DANS LA RUE

AVIGNON – 15 mars 2018

 PERSONNELS DES EHPAD ET RETRAITÉS DANS LA RUE

Devant le Conseil Départemental - Photo UDR-FO Vaucluse

Il en fallait bien plus qu’une pluie pour refroidir l’ardeur des retraités et des personnels des EHPAD venus manifester leur colère et leur inquiétude.

Plus de 1200 personnes se sont rassemblées devant la Cité Administrative afin de dénoncer les conditions de vie des résidents et des personnels en EHPAD liées au  manque récurrent de moyens, et crier leur ras le bol  exaspéré par l’augmentation de la CSG qui s’ajoute à 35 ans d'austérité.

Les retraités sont méprisés depuis 1993.

Tous les moyens sont bons pour leur contester le droit à une existence digne, qu'ils ont pourtant méritée par une vie de labeur.

Le suivi de l’érosion du pouvoir d’achat des retraités :

  1. Le décret du 30 décembre 1982 qui, dans le cadre de la mise en place du Plan de blocage des salaires, restreignait la masse globale des salaires prise en compte pour la réalisation de l’indexation des pensions.
  2. En 1987 est intervenue la non indexation des salaires portés au compte sur l’évolution annuelle des salaires.
  3. Les décrets de 1993 ont ensuite mis en place des mesures pénalisantes pour le calcul des retraites : le nombre d’années pour bénéficier d’une retraite à taux plein est passé de 37,5 à 40 ans ; le salaire moyen de référence servant au calcul de la retraite est calculé sur la base des 25 meilleures années d’activité et non plus des 10 meilleures années; les pensions sont revalorisées selon l’indice des prix hors tabac et non plus sur l’évolution des salaires. Cette dernière mesure marque une rupture de la solidarité entre les actifs et retraités, qui constituait le fondement de la Sécurité sociale de 1945.
  4. La loi du 21 août 2003, rompant une tradition de négociation annuelle sur la revalorisation des pensions va amplifier le processus (à compter du 1er juillet 2004, le coefficient de revalorisation des pensions du régime général et des régimes alignés est fixé par arrêté, conformément à l’évolution prévisionnelle des prix à la consommation hors tabac prévue dans le rapport économique, social et financier annexé à la loi de Finances pour l’année considérée avec possibilité d’ajustement l’année suivante, le cas échéant). Le principe de l’indexation sur les prix des pensions de retraite dans le régime général et les régimes alignés, se trouve désormais inscrit dans le code de la Sécurité sociale. Avec l’abandon du principe de la négociation des revalorisations de pensions, (le parlement se trouvant dessaisi de cette prérogative), on constate l’application d’augmentations insuffisantes par rapport à l’augmentation réelle des prix.

En outre, la loi du 21 août 2003 aligne progressivement d’ici 2008 les durées de cotisations requises pour la retraite à taux plein des différents régimes (à 40 annuités), prévoit l’allongement d’un trimestre par an à partir de 2009 voire jusqu’en 2020 (pour atteindre 41 annuités en 2012), durcit la condition de durée de référence (portée de 150 à 160 trimestres d’ici 2008) pour le calcul de la retraite et étend, aux régimes de la fonction publique, la revalorisation des pensions sur l’indice des prix. Autre particularité, dans le cadre de la retraite anticipée, cette loi remet en cause la reconnaissance des années validées (en cas de chômage, maladie) pour ne retenir que les années réellement cotisées, pénalisant ainsi les droits des femmes et des salariés qui n’ont pas pu avoir des carrières complètes.

  1. En matière de retraites complémentaires ARRCO et AGIRC, la baisse du niveau des revenus de remplacement des retraités et futurs retraités est également programmée depuis dix ans. Selon les estimations de la Drees (Etudes et Résultats n° 362 - Décembre 2004), l’évolution du pouvoir d’achat des retraites brutes de ces régimes en euros constants s’avère négative, soit – 0,4% en moyenne par an à l’ARRCO et – 0,8 % à l’AGIRC au cours des années 1993-2003. On observe un taux d’évolution annuel moyen du pouvoir d’achat net des retraites encore plus défavorable, en baisse de : – 0,7% par an pour l’ARRCO et – 1,1% par an pour l’AGIRC entre 1993-2003, reflétant l’impact respectif de la montée en charge de la CSG et de la CRDS en 1996 et des nouvelles règles de revalorisation.
  2. A compter du 1er janvier 2005, le taux de la CSG est relevé et passe de 6,2% à 6,6% qui, s’ajoutant au 0,5% de CRDS, portent le taux global de prélèvement à 7,10% pour les retraités imposables (le taux de CSG réduit de 3,8%, appliqué sous conditions de ressources, demeurant inchangé). Le taux initial de 1,1 % fixé lors de l’institution de la CSG le 1er février 1991, avait été porté à 2,4 % le 1er juillet 1993, à 3,4 % le 1er janvier 1997 et à 6,2 % le 1er janvier 1998.
  3. A compter du 1er avril 1983 (instauré par la loi 83-25 du 9 janvier 1983) création du forfait hospitalier ( 20frs soit 3,05€ porté à 20€ au 01.01.2018, Depuis sa création, il n’a pas cessé d’augmenter -21 fois en 35 ans-, à un rythme beaucoup plus élevé que l’inflation cumulée qui est de 107,08% source : http://www.statistiques.public.lu/fr/economie-finances/prix-consommation/inflationcalculator/index.html).
  4. Les déremboursements de certains médicaments, l’institution d’un forfait d’un euro pour chaque consultation médicale, l’augmentation des prix de journée en maison de retraite, le renchérissement des couvertures complémentaires santé, la prise en charge insuffisante de la perte d’autonomie.
  5. Des mesures fiscales discriminatoires frappent les retraités :
    1. 1er avril 2013, tous les retraités imposables ont un prélèvement de 0,3% effectué sur leur retraite (la C.A.S.A)
    2. La fiscalisation des majorations familiales pour les retraités ayant élevé au moins 3 enfants. Depuis le 1er janvier 2014, elles sont soumises à la CSG et à l’impôt sur le revenu
    3. La suppression de la demi-part fiscale accordée aux parents isolés
    4. Le gel des tranches de l’impôt sur le revenu
    5. La suppression de l’abattement fiscal de 10%, en 1993
  6. Les décalages successifs de la date de revalorisation des retraites et pensions qui conduisent à une double pénalité : dans un premier temps une retraite inférieure à ce qu’elle aurait dû être et dans un deuxième temps une revalorisation inférieure qui conduit à un manque à gagner qui s’accumule au fil des ans comme l’explique très bien le magazine Capital (*).
  7. Le gel des pensions et retraites pendant 4 ans.
  8. Les contre-réformes de 1993, 2003, 2007, 2010 et 2014, repoussant l’âge de départ à la retraite, augmentant le nombre de trimestres exigibles pour une retraite pleine et entière, instaurant une décote
  9. La contre-réforme WOERTH de 2010 détournant le fonds de réserve pour les retraites au profit de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades).

Cette longue liste fait que chaque année, le pouvoir d'achat des retraités diminue de façon conséquente.

Aujourd'hui, c'est une nouvelle attaque qu'ils subissent, au travers de l'augmentation de 25% du taux de CSG.

Le prétexte invoqué mérite le détour: aider les actifs en leur donnant un meilleur salaire.

Ce serait à se tordre de rire si ce n'était pas aussi dramatique.

Oui, dramatique de constater que l'on prétend relancer l'économie en retirant à l'un pour donner à l'autre, comme si appauvrir les 60% (plus de 10 millions) de retraités pouvait, en une quelconque manière, soutenir "la relance".

Au-delà du cynisme de toutes ces mesures spoliatrices, c'est bien le mépris qui en est la principale caractéristique :

  • Mépris envers le travail, souvent pénible, effectué pendant de nombreuses années,
  •  Mépris des sacrifices professionnels et personnels, consentis pour accompagner les évolutions de la société,
  •  Mépris des diverses cotisations versées pour obtenir le droit à une retraite décente,
  • Mépris du bénévolat effectué par les retraités à un tel niveau que, sans cela, aucune association, en France, ne pourrait perdurer,
  •  Mépris de la redistribution effective des pensions, non seulement par la consommation mais également par l'aide apportée aux descendants et, de plus en plus souvent, aux ascendants,
  • Mépris manifesté par ceux qui veulent opposer les retraités aux actifs.

Le 15 mars les retraités ont éxigé que cessent ces iniquités et ils seront à nouveau dans la rue le 22 mars pour défendre le service public.

Les manifestants rassemblés devant le Conseil Départemental - Photo UDR-FO Vaucluse

(*) Le magazine Capital donne des informations intéressantes :Comment les retraités se sont fait discrètement sucrer près d’un demi mois de pension !

Publié le 20/09/2017 à 18h35 Mis à jour le 27/09/2017 à 14h07. Comment les retraités se sont fait discrètement sucrer près d’un demi-mois de pension Daniel SIMON / Getty La date de revalorisation des pensions risque d’être à nouveau décalée l’an prochain. Une technique discrète mais qui pénalise tous les retraités…

« Il fut un temps où les pensions des régimes de base étaient revalorisées le 1er janvier. Mais en 2009, sous Sarkozy, l’exécutif décide de décaler la date annuelle de revalorisation au 1er avril. En 2014, sous Hollande, nouveau tour de vis : la revalorisation est repoussée au 1er octobre (les pensions seront même gelées cette année là). Si le report d’octobre à janvier à partir de l’an prochain est confirmé, on aura donc fait un tour complet de calendrier… A chaque fois, les retraités y laissent des plumes. Car ils perçoivent alors pendant plusieurs mois une pension inférieure à ce qu’elle aurait dû être, si la revalorisation avait eu lieu plus tôt. Prenons l’exemple de l’an prochain, en partant de l’hypothèse d’une revalorisation de 1%, qui aurait eu lieu le 1er octobre. Une personne percevant 1.000 euros de pension mensuelle aurait alors touché 1.010 euros en octobre, novembre et décembre 2018. Mais si le report est décalé à janvier 2019, il devra se contenter de 1.000 euros pendant ces 3 mois, soit 30 euros de moins… Du coup, à combien se chiffre la perte cumulée depuis 2009 ? Selon les calculs réalisés par le cabinet Optimaretraite ..., près un demi-mois de pension, si l’on compte le report probable en 2018 et en prenant l’hypothèse d’une inflation de 1% l’an prochain. Plus précisément, une personne qui touchait une pension de 1.000 euros par mois fin 2008, aura perdu 446 euros en l’espace de 10 ans. L’équivalent, tout de même, de 41% de sa pension mensuelle de 2018 (de 1.086 euros par mois)… Dit autrement, si la revalorisation des pensions était bien intervenue chaque année le 1er janvier, ce retraité aurait aujourd’hui 446 euros de plus en poche. Ce n’est pas tout : ce décalage d’un an amoindrit aussi la pension future. Reprenons le cas de notre retraité qui gagnait 1.000 euros par mois en 2008 : en 2018, sa pension atteindra 1.086 euros, grâce aux augmentations légales. Mais sans les reports de la date de revalorisation, il aurait en fait dû toucher 1.097 euros… Soit un manque à gagner de 10,9 euros par mois, qui va s’accumuler au fil des ans, sur l’ensemble de la retraite. Cela représente, par exemple, un peu plus de 1.300 euros de perdus sur une décennie. Et c’est bien entendu sans compter la hausse de 1,7 point de la CSG prévue l’an prochain, qui touchera une majorité des retraités ! »

Date de dernière mise à jour : 22/03/2018