SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS INDIENS DE MARUTI SUZUKI

SOUTIEN AUX TRAVAILLEURS INDIENS DE MARUTI SUZUKI

Nous ne laisserons pas faire !

C’est tout le mouvement ouvrier qui doit se dresser !

Rappel des faits

Contrainte par l'action de ses employés de reconnaître leur syndicat indépendant, la direction de l'usine Maruti Suzuki de Manesar veut, à tout prix, refuser leur revendication : « étendre à tout le personnel les droits accordés à 20% d'entre eux ». Dans cette ceinture industrielle qui pourrait être qualifiée de à bas-coût, les implantations d'entreprises sont nombreuses et récentes. Du point de vue des droits ouvriers, tout est à conquérir.

En Inde le système des castes, associé à la religion hindouiste sépare les personnes en groupes qui doivent rester étanches et qui sont définis par leurs fonctions. Par exemple les brahmanes ont comme prérogative la médication, l'instruction et la prêtrise. Mais les brahmanes n'ont pas le droit de cultiver la terre, tâche réservée à la caste des paysans. La caste des intouchables est en charge du traitement des déchets et de tous les métiers de la boucherie. Mais la constitution indienne interdit formellement de priver un individu de quelque droit que ce soit du fait de sa caste ou de ses origines ou de son métier.

Personne n'ignore en Inde ce point de la constitution. Aussi quand, en 2012, un cadre de l'usine Maruti Suzuki change sans motif de poste un responsable du syndicat, toute l'usine comprend que c'est à la fois une entorse à la constitution et un coup porté au syndicat indépendant. Parmi les salariés la mobilisation s'étend. Le conflit prend rapidement de l'ampleur. « Réintégrez notre camarade à son poste ».

La direction n'abandonne pas son objectif et recourt à la violence. Alors que les employés sont réunis en meeting dans l'usine pour faire avancer leurs revendications elle introduit des dizaines de nervis provocateurs dans les locaux. Il va s'en suivre des bagarres. Un bâtiment va prendre feu, un cadre de l'usine va y mourir. Toujours accrochée à son but de répression, la direction de l'usine s'empare de ce tragique accident pour porter des coups à la résistance de ses employés. Licenciement de 546 permanents et plus de 2000 ouvriers intérimaires. Plainte déposée pour meurtre. Un procès à charge est monté par la direction et la justice du comté. 148 personnes sont emprisonnées. Elles le resteront plus de quatre ans jusqu'à la fin du procès.

En Inde, un homme reconnu coupable de meurtre encourt la peine de mort ou la prison à perpétuité. Au procès, la direction de l'usine cherche la condamnation à mort. Elle veut par ces condamnations horribles terrifier et en finir à jamais avec les syndicats indépendants. Les seuls témoignages à charge apportés aux procès sont ceux des cadres responsables de l'opération. Pas un seul des salariés de l'usine ne viendra témoigner contre les syndicalistes et pourtant il y a des milliers et des milliers de salariés. Pas une seule preuve n'a été apportée au procès, de la culpabilité des condamnés ! Mais on aura entendu du côté du personnel de la justice l'argument qu'il  faut rassurer les investisseurs étrangers.

Le tribunal prononce la relaxe pour 117 personnes qui ont donc passé sans raison 4 ans en prison. Il en condamne pour des délits divers quatre à 5 ans de prison  et 14 autres qu'il libère car ils ont accompli leur peine avant le procès. Il choisit 13 d'entre eux dont les douze responsables du  syndicat pour les déclarer coupables de meurtre.

Quelques jours plus tard, les condamnations vont tomber : prison à perpétuité pour les 13 de Maruti Suzuki.

Le tribunal a estimé plus prudent de garder vivants les condamnés. Cela conserve le recours à des marches arrières. Mais pour les condamnés ce choix n'est meilleur que s'ils gardent l'espoir de recouvrer rapidement leur liberté. Et cet espoir là a besoin de notre mobilisation sans relâche jusqu'à la libération des emprisonnés.

 

Peine d’emprisonnement à perpétuité prononcée contre les travailleurs de Maruti Suzuki

Le 18 mars, le Tribunal de district de Gurgaon a condamné 13 responsables syndicaux à la réclusion à perpétuité sur les 31 travailleurs de Maruti Suzuki jugés. En signe de protestation contre cette décision, les travailleurs ont déposé, le 20 mars, leurs outils de travail une heure durant dans six différentes usines Maruti Suzuki.

Quatre autres travailleurs ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de 5 ans. La plupart d’entre eux sont déjà incarcérés depuis plus de quatre ans, alors que leurs familles connaissent des conditions de vie épouvantables.

Une amende symbolique avait été infligée. En raison de leur incarcération préalable, les 14 travailleurs restant doivent être libérés immédiatement et s’acquitter d’une amende de 2 500 Rs (38 US$).

 

Réaction de l’UDR-FO de Vaucluse

En réaction à un verdict d’autant plus infâme et révoltant qu’aucun élément de preuve n’a été apporté, l’Union Départementale des Retraités FORCE OUVRIERE de Vaucluse adresse, ce jour, une lettre à l’Ambassadeur de l’Inde à Paris :

"Monsieur l’Ambassadeur,

L’Union Départementale des Retraités FORCE OUVRIERE de Vaucluse vient d’être informée  des peines prononcées, le 18 mars 2017, par le Tribunal de district de Gurgaon à l’encontre de travailleurs de Maruti-Suzuki.

Alors même que rien ne permet de relier ces travailleurs au décès du fait qu’aucun élément de preuve n’a été apporté, comme le confirme le Tribunal, la condamnation à la réclusion à perpétuité de treize d’entre eux nous conduit à vous faire part de notre profonde indignation. Ce verdict dépasse l’entendement.

Il est pour le moins inimaginable qu’au 21ème siècle, une grande nation comme l’Inde puisse emprisonner, de façon illégale et injustifiée*, des travailleurs, à l’instigation d’une multinationale avant de les faire condamner par un tribunal assujetti au capitalisme financier.

Ce verdict est une honte.

Il ne nous a pas échappé que les plus grosses condamnations ont été prononcées à l’encontre des représentants du syndicat indépendant MSWU. Du fait même qu’aucune preuve de leur culpabilité n’a pu être apportée, cette sentence inique est la démonstration parfaitement établie et incontestable qu’ils sont condamnés pour avoir construit un syndicat afin que les salariés puissent se défendre contre l’exploitation et le travail précaire, pour avoir appelé à la grève pour exiger que l’ensemble des ouvriers de l’usine soit couvert par une convention collective, pour avoir voulu résister à la répression violente des milices armées envoyées par leurs patrons pour briser la grève.

En s’attaquant aux responsables syndicaux, c’est l’ensemble des salariés indiens qui est visé, c’est l’ensemble du mouvement ouvrier que l’on veut intimider et museler. C’est le droit de s’organiser, de manifester, de faire grève qui est remis en cause.

Nous ne pouvons admettre de telles restrictions en matière de liberté et de démocratie.

Pour l’Union Départementale des Retraités Force Ouvrière de Vaucluse le respect des droits de l’homme, le libre exercice des droits syndicaux, la liberté d’opinion et d’expression, une justice indépendante et impartiale, sont des droits universels auxquels elle est viscéralement attachée.

En conséquence, nous vous demandons de faire part aux autorités de votre pays de notre exigence pressante, à savoir : la libération de tous les salariés de Maruti-Suzuki emprisonnés et l’amnistie pour tous les travailleurs de cette usine.

L’Union Départementale des Retraités Force Ouvrière de Vaucluse pour appuyer son soutien aux travailleurs de cette entreprise se réserve le droit d’utiliser tous les moyens en sa possession pour faire connaître leur situation et appeler les syndicats, les salariés, et tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat, à prendre position pour exiger leur libération immédiate et leur amnistie.

Nous vous prions de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’assurance de notre respectueuse considération.

                                                                          Fait à AVIGNON, le 25 avril 2017

                                                                                     La Présidente

                                              

 

*l’avocate des travailleurs, Vrinda Grover, a déclaré: « les 117 travailleurs avaient été emprisonnés de façon illégale et injustifiée à l’instigation de la compagnie sans aucun élément de preuve, comme l’a confirmé le tribunal…Rien ne permet de relier les travailleurs condamnés au meurtre. Il est important de rappeler qu’ils étaient tous responsables syndicaux. Il est par conséquent évident qu’il s’agit d’une tentative de musellement ciblé de la part de l’Etat.» "