Voyou ? Vous avez dit voyou !

Voyou ? Vous avez dit voyou !

Nous avons tous vu les images chocs passées en boucle à la télévision spectacle. Elles montrent des cadres d’Air France molestés par de futurs chômeurs en détresse, qualifiés de voyous par le Premier Ministre qui réclame qu’ils soient sévèrement punis.

Propos pour le moins surprenants de la part de celui qui conduit un gouvernement prétendu de gauche. En effet, en 1906 Jean JAURES justifiait les violences ouvrières face au capitalisme agressif.

Mais, cette prétendue violence n’est-elle pas provoquée par une autre violence, celle-ci bien réelle ?

La vraie violence n’est-elle pas déjà de considérer les travailleurs comme des ressources humaines ? Cette appellation ramène le salarié à une charge, un coût, une ressource, une matière première. Il devient une variable d’ajustement que l’on jette comme un kleenex usagé.

La vraie violence ne provient-elle pas de ceux qui veulent supprimer le SMIC, les 35 heures, le code du travail, le CDI ?

Etre licencié, n’est-ce pas être la victime d’une réelle violence ? La misère et combien de dépressions, de divorces, de suicides sont les conséquences d’un licenciement.

La vraie violence est-ce défendre son emploi ou les engagements non tenus qui conduisent à servir la soupe aux plus riches ? A ce propos, où en est la lutte contre la finance ?

Les voyous, est-ce les salariés qui défendent leur emploi ou les fraudeurs les plus riches qui ne paient pas leurs impôts privant ainsi l’Etat de recettes de dizaines de milliards d’euros ?

Les voyous, n’est-ce pas ceux qui refusent d’augmenter les salaires, de créer des emplois au prétexte que l’entreprise ne peut se permettre un tel coût alors que dans le même temps ils s’octroient des augmentations considérables, des retraites-chapeaux et des primes de départ de plusieurs millions d’euros sans parler des stock-options ?

Les voyous, n’est-ce pas ces dirigeants qui exigent toujours plus de rendement avec toujours moins de personnels avec pour seul objectif d’augmenter les bénéfices, quelles qu’en soient les conséquences pour la santé des salariés ?

Il est pour le moins surprenant que le Premier Ministre, si prompt à condamner les salariés, ne réagisse pas avec la même détermination pour réclamer des condamnations exemplaires à l’égard de ces voyous qui pratiquent quotidiennement un réelle violence bien que moins visible et spectaculaire.

Le 12 octobre, à l’aube, l’arrestation de salariés d’Air France, aggravée par la prolongation de leur garde à vue, comme s’ils étaient de dangereux criminels, est manifestement décalée par rapport aux faits. 

Le gouvernement a choisi son camp, celui de la finance.


 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021