retraite : les restrictions ça suffit les anciens veulent vivre dignement les retraités ont droit à la dignité

Paroles de retraités l « Les restrictions, ça suffit ! »

Paroles de retraités l « Les restrictions, ça suffit ! »

 

 

Marie a 62 ans. Militante FO, elle est en retraite depuis un an.
Elle était conseillère d’éducation dans un établissement scolaire et percevait un salaire de 3000 euros, primes comprises. Désormais, Marie reçoit une pension de 2000 euros. Son conjoint, ancien professeur d’histoire perçoit 2300 euros. Ces retraités, formant une famille recomposée, ont acheté une maison près d’Auxerre (Yonne). « Nous avons encore deux ans de crédit sur les épaules », indique Marie. Et ce n’est pas tout. « L’ensemble de nos charges fixes mobilise près du montant d’une retraite » comptabilise la retraitée qui souffre d’une maladie articulaire dont elle craint les conséquences invalidantes en vieillissant. « Je m’inquiète des modes de prise en charge de la dépendance. Les maisons spécialisées sont très chères. Ma retraite n’y suffirait pas. » Pour l’instant, le couple aide sa fille cadette, étudiante en droit de 24 ans. « Sans aide elle ne pourrait poursuivre ses études. Logement, repas, vêtements... Nous assumons le nécessaire, l’utilitaire. » Cela coûte près de 1500 euros chaque mois. « On a restreint notre vie culturelle et tous les “à côtés” plaisants. On ne va plus au restaurant, quand il y a des vacances, c’est au camping... On aimerait passer de temps en temps une journée à Paris mais cela coûterait environ 100 euros... impossible ! » Récemment, la fille ainée du couple a pris un appartement. « Nous avons dû payer la caution du logement. » Après un long cursus universitaire en histoire, la jeune femme qui ne trouvait pas d’emploi a repris des études d’infirmière. « Elle est actuellement en CDD et gagne 1400 euros. Il était impossible qu’elle paye les frais de l’appartement ! » Marie craint désormais que sa fille ait bientôt un enfant. « Je m’angoisse en pensant à notre incapacité de l‘aider financièrement. C’est quand même terrible de se dire cela alors que la perspective d’être grand-mère devrait être une attente heureuse ! » Marie retrouve ses accents de militante. « Les restrictions, ça suffit, tant pour les jeunes que pour nous, les retraités qui avons bossé toute notre vie ! Actifs ou retraités, les salariés perdent des droits et payent la politique d’austérité menée par l’État depuis des années. Il faut poursuivre la mobilisation et de se battre pour nos revendications : des emplois et salaires décents pour les jeunes. Et des retraites qui permettent à tous les anciens de vivre dignement. »

Christine a 64 ans. Militante FO, elle est en retraite depuis quatre ans.
Christine était assistance sociale à la Sécurité sociale. Mariée à un informaticien encore en activité, cette ancienne cadre a trois enfants et trois petits enfants... bientôt quatre. Christine qui s’excuserait presque de son niveau de retraite perçoit une pension de 2000 euros par mois. Elle a perdu les deux mois de primes qu’elle percevait en activité. Elle et son mari (au salaire d’environ 2 000 euros par mois) sont propriétaires de leur maison dans les Yvelines. Tout irait pour le mieux si... les inquiétudes d’ordre financier ne les rongeaient pas de plus en plus. « Nous n’avons aucune marge. Actuellement, on se demande si l’on va contracter ou pas un crédit pour remplacer notre vieille voiture. Voilà le dilemme du moment ! », explique t-elle, le sourire grinçant. « Désormais, je dresse un budget... et il faut le suivre de près, sans trop taper dans les économies » indique Christine. « Entre les impôts sur le revenu dont on se prend la hausse de plein fouet, les taxes sur la maison, les factures d’énergie, les assurances... Cela fait environ 2000 euros de frais fixes par mois qui grèvent notre budget. Concrètement, ma retraite y passe ! En cas de veuvage, aucun de nous ne pourrait assumer seul les charges de la maison... qui n’est cependant pas un palace ! » Christine qui ne fait pas partie des plus démunis a dû néanmoins adopter des comportements visant les économies drastiques. « Je fais mes courses dans les discount. Je n’achète pas de vêtements, nous ne partons en vacances que dans la famille... On ne fait rien d’extraordinaire mais on craint toujours d’exploser notre budget ! » Comme ses deux frères, le mari de Christine contribue pour 200 euros par mois au logement (2300 euros) de sa mère qui réside en maison de retraite. Cette situation renvoie le couple à une réflexion sur le « grand âge ». « Chacun de nous ne pourrait se payer un logement en maison de retraite. Peut-être faudra t-il vendre la maison familiale pour assurer cela et donc ne rien laisser à nos enfants... Je ne m’attendais pas à vivre ce genre d’inquiétudes et de privations à la retraite ».

Date de dernière mise à jour : 11/02/2019