Dépendance l Le grand âge attend un vrai financement

Dépendance l Le grand âge attend un vrai financement

 

En 2012, indique l’INSEE, on comptait en France métropolitaine 1,17 millions de personnes âgées de plus de 60 ans considérées comme dépendantes au sens de l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie qui établit une graduation de l’incapacité à réaliser des actes du quotidien. En 2060, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait doubler. La dépendance concernera ainsi 2,3 millions de personnes.

Or, si la possibilité d’atteindre « le grand âge » constitue un évident progrès, reste que la prise en charge des personnes dépendantes pêche toujours par son financement. Adopté le 2 juin en Conseil des ministre mais pas encore devant le Parlement, le projet de loi “d’orientation et de programmation pour l’adaptation de la société au vieillissement” ne prévoit ainsi de consacrer qu’un budget de 645 millions d’euros par an à la dépendance. Ce finance- ment proviendrait de la taxe créée en 2013 sur les pensions de retraites, pré- retraites et pensions d’invalidité imposables. Les retraités imposables sont en effet déjà taxés à hauteur de 0,3% sur leur pension de la “contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie” (CASA). Concrètement, ce sont les seniors qui financeraient eux même la prise en charge de la dépendance, ce que conteste FO s’indignant que le patrimoine entre dans le calcul déterminant le niveau de l’APA. Selon le projet, cette prise en charge serait axée sur le maintien à domicile et son organisation (adaptation du logement, revalorisation de l’APA...) Selon les experts, les 645 millions prévus par le projet de loi ne suffiront pas.

Le reste à charge trop lourd

Pour le Conseil économique, social et environnemental (CESE), ces moyens « ne sont pas à la hauteur des ambitions » et « ne répondent pas à l’urgence de la situation ». Ainsi, la revalorisation de l’APA , servant notamment à sou- tenir une partie des dépenses d’aide à domicile pour 700 000 personnes dépendantes occuperait à elle seule 375 millions/an. Cette somme est toutefois à mettre en perspective... La « contribution informelle » des aidants – soit les huit à dix millions de personnes qui aident un proche, notamment une personne âgée– est en effet estimée à 164 milliards d’euros par an... Pour le Centre d’observation et de mesure des politiques d’action sociale (Compas) l’allongement de la durée de vie « va entraîner une augmentation de la demande de besoins sociaux. Or, les collectivités locales n’auront pas les ressources nécessaires compte tenu de la baisse des dotations. Les années à venir vont voir se poser la question de la solidarité envers les personnes âgées ». Le Centre résume : « Il faut s’attendre à un accroissement des inégalités » entre personnes âgées. Entre celles qui pourront « se payer » une résidence médicalisée et les autres ? Par exemple. Pour résider dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), la personne doit en effet assumer un coût moyen mensuel de 2 200 euros. Or, ce « reste à charge » équivaut au double du montant d’une pension moyenne de retraite. Lorsqu’il est possible d’assumer ces frais, reste à trouver une place. Toutes structures confondues (foyers-logement, maisons de retraite, unités de soins de longue durée...), il existe environ 700 000 places d’hébergement dont 82% relèvent des Ehpad, privés ou publics. Or, même si cette capacité d’accueil a augmenté de 5,3% entre 2007 et 2011 estime l’Insee, les besoins ne cessent de croître. Et cela est déjà visible à travers la hausse des dépenses de soins pour les personnes âgées dépendantes. Au total, ces dépenses ont quasiment doublé entre 2005 et 2012 pour s’établir à près de 10 milliards. Au sein de ces dépenses, celles relevant des services de soins à domicile sont passées de 911 millions en 2005 à près de 1,5 milliards en 2012. Les dépenses de soins en établissements sont passées elles de 4,6 milliards en 2005 à 8,4 milliards en 2012...


Date de dernière mise à jour : 05/07/2021