Retraites - rendez-vous dans la rue le 10 septembre

Retraites

> RENDEZ-VOUS DANS LA RUE LE 10 SEPTEMBRE

 

À l’issue d’une réunion à Montreuil, FO, la CGT, la FSU et Solidaires ont décidé d’appeler à une journée de mobilisation avec grèves et manifestatio
Si le communiqué commun adopté par les organisations syndicales précise que les salaires et l’emploi figurent aussi parmi les préoccupations, il est vraisemblable que la question des retraites sera au cœur de cette initiative. En effet, selon diverses sources, le gouvernement sera sur le point de dévoiler son projet de réforme des retraites après une phase dite de consultation, qui s’est ouverte jeudi 4 juillet à Matignon et sera achevée fin août.

Même s’il est trop tôt pour anticiper le résultat de ces échanges, les premiers éléments rendus publics suffisent amplement à justifier une mobilisation dès la rentrée. Par petites touches, l’exécutif a déjà indiqué sa préférence pour une augmentation de la durée de cotisation, alors que celle-ci a déjà été relevée lors des réformes de 1993, 2003 et 2010. Voilà pourquoi la délégation de FO, qui s’est rendue à Matignon ce 4 juillet, a rappelé les positions de Force Ouvrière tout en insistant tout particulièrement sur les «lignes rouges» à ne pas franchir, au premier rang desquelles l’augmentation de la durée de cotisation. Qualifiée de «mesure la plus juste» par François Hollande le 20 juin, lors de la conférence sociale, l’augmentation de la durée de cotisation équivaut à un report de l’âge réel de départ en retraite et/ou à une baisse des pensions qui ne disent pas leur nom. En effet, maintenir l’âge à partir duquel un salarié peut partir en retraite à taux plein tout en durcissant les conditions de ce départ aura plusieurs conséquences. Mécaniquement, le nombre de salariés de 62 ans ayant cotisé le nombre requis de trimestres sera moins important. Ceux âgés de 62 ans mais qui n’auront pas leur nombre de trimestres seront donc obligés de continuer à travailler, ou s’ils veulent néanmoins partir en retraite cela se fera avec une pension amputée.

OÙ EST L’URGENCE?

Parce qu’elle repousserait le départ en retraite de salariés âgés, l’augmentation de la durée de cotisation serait aussi néfaste –a fortiori dans le contexte actuel de crise économique– pour les jeunes puisqu’elle retarderait leur entrée dans l’emploi alors que le taux de chômage des jeunes bat déjà des records. C’est ce que souligne l’économiste de l’OFCE Henri Sterdyniak dans une note récente: «En période de dépression, la hausse de l’emploi des seniors augmente les difficultés d’insertion des jeunes. Les entreprises contraintes de conserver les seniors en emploi, en période de croissance nulle, n’embauchent plus, ce qui pèse sur les jeunes.»

La question de l’opportunité d’une réforme des retraites, alors que la France flirte avec la récession mérite d’ailleurs d’être posée. Car où est l’urgence? Selon Sterdyniak, le déficit des systèmes d’assurance-chômage et de retraite atteint 17,5 milliards d’euros, mais l’impact de la crise est de 23,5 milliards. En d’autres termes, sans la crise le système de prestation retraite et chômage serait excédentaire de 6 milliards. Et de conclure: «Il n’est pas urgent d’équilibrer les retraites.»

La réponse à la question est peut-être à chercher du côté de l’engagement pris par François Hollande devant la Commission européenne de ramener les finances publiques à l’équilibre d’ici à 2018, ce qui, vu le niveau actuel des impôts, suppose au moins 70 milliards de coupes dans les dépenses publiques sur la période. Parce qu’elle n’obéit qu’à la seule logique de l’austérité et risque de se traduire par des reculs sociaux, la future réforme des retraites se présente sous de mauvais auspices. La journée du 10 septembre sera l’occasion de défendre notre système de retraite qui constitue, selon l’expression consacrée, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas.


 
 
 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021