"Ça ne peut plus durer !" Alors que la loi Touraine sur l'adaptation de la société au vieillissement vient d'être adoptée, jeudi dernier, les membres de l'Union Départementale des Retraités de FO ont décidé de s'emparer d'un sujet délicat : la non-traitance des personnes âgées dans les Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Après avoir recueilli des témoignages et réalisé leur propre enquête sur ce sujet d'envergure nationale, les retraités de FO dénoncent les conditions dans lesquelles ces personnes âgées sont délaissées. "On ne veut pas que les Ehpad deviennent des mouroirs. Les persones âgées n'ont droit qu'à une douche par semaine, attendent des heures entières sur des fauteuils dans un coin. Cette oisiveté les altère et altère leur envie de vivre. Cela conduit à une perte d'autonomie réelle".
D'où vient le problème ? Pour les retraités qui ne veulent pas finir leurs vieux jours de la sorte, il n'y a pas assez de professionnels pour animer ces lieux et le recours aux bénévoles pour occuper les résidents des Ehpad est systématique. "On sait soigner, ça, on sait faire, mais il devrait être créé en France 150 000 postes pour animer ces Ehpad. Si on veut en plus lutter contre le chômage, on doit en passer par là".
Vers un respect des personnes âgées
Chiffres à l'appui, les retraités font état d'un ratio de 0,6 emplois en équivalents temps plein pour 100 résidents dans les Ehpad. "C'est le taux le plus bas d'Europe. En Allemagne, en Suisse et en Suède, il est de plus de un !"
Les membres de FO réclament le respect des personnes âgées dans leur dignité physique et psychologie. "Nous avons des lieux, mais pas de lien social. C'est cela qui nous catastrophe. Les personnes âgées ne sont pas les seules à être en souffrance, les personnels le sont aussi. C'est un secteur à risque pour les soignants. Il y a des personnels qui passent à côté de ces personnes sans les voir", affirme une soignante.
Toutes ces doléances seront portées à la connaissance du président du Conseil départemental de Vaucluse, Maurice Chabert, à qui les membres de l'UDR viennent de demander une audience.
Mélanie Ferhallad
Les maisons de retraite accusées de "non-traitance" dans le Vaucluse
Par Yacine Sahnoune, France Bleu Vaucluse mercredi 2 décembre 2015 à 10:38
L'union départementale des retraités Force Ouvrière a mis des mots sur un phénomène : celui de la "non-traitance" dans les maisons de retraite et dans les EHPAD.
Une personne âgée, sur son fauteuil roulant, seule dans un couloir. On a tous cette image en tête quand on pense aux maisons de retraite. Cela a désormais un nom : la "non-traitance".
"Une personne âgée est occupée trois à quatre heures par jour. Le reste du temps, elle est toute seule", Serge Olivier
Conséquence : "elles perdent la notion du temps, elles perdent leur motricité, et même l'envie de vivre", explique Serge Olivier, le vice-président de l'union départementale des retraités Force Ouvrière.
Serge Olivier, vice-président de l'union départementale des retraités FO
Mais au sein des EHPAD et des maisons de retraite on le dit : on fait ce qu'on peut, avec les moyens qu'on a. "On a une animatrice pour l'ensemble des résidentes, donc quand elle fait une sortie pour dix personnes, les cinquante autres vont être seules dans leurs chambres", livre Brigitte Lecadieu-Bué, directrice d'un EHPAD à Sarrians.
Manque de personnel
Brigitte Lecadieu-Bué poursuit : "On essaie de détacher le plus possible des aides soignantes pour faire de l'animation. Mais ce n'est pas leur travail. Elles ne savent pas comment s'y prendre". "Il faut trouver du personnel pour s'en occuper".
Brigitte Lecadieu-Bué, EHPAD de Sarrians
Les retraités de Force Ouvrière souhaitent désormais que le département adopte une charte de "bien-traitance" des personnes âgées.
Le reportage de Jean-Michel Le Ray.
VAUCLUSE MATIN du 27 novembre 2015